Archives de catégorie : Chrétiens en éducation

La Gestion mentale : une pédagogie de la personne

Fondements éthiques et implications praxéologiques

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Jean-Pierre Gaté*

Résumé : La Gestion mentale d’Antoine de La Garanderie (1920-2010) propose un renouvellement de la pédagogie qui s’inscrit dans la dynamique de « l’apprendre à apprendre », avec le souci de rendre l’apprenant acteur et autonome dans la conquête des savoirs. Même si elle ne s’affiche pas explicitement comme une pédagogie « personnaliste », cette approche n’en comporte pas moins une dimension personnaliste, repérable autant à travers ses fondements éthiques que dans ses implications praxéologiques. Ainsi, en prenant appui sur une double caractéristique de la personne, tout à la fois « unique, irréductible, inassimilable à toute autre » et « ouverte à l’universel » (Avanzini, Mougniotte, 2012), cet article tente de relire, à l’aune de cette dimension, les écrits les plus suggestifs d’Antoine de la Garanderie ainsi que les expériences pédagogiques qu’il a inspirées. Continuer la lecture

La personne dans l’œuvre écrite de Madeleine Daniélou

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Blandine-D. Berger*

« Le problème de l’éducation est toujours fondamental.
Il l’est particulièrement dans un temps comme le nôtre
où les cadres de la vie sociale sont laïcisés,
où tant de courants de pensée se croisent,
où chacun doit,
dès sa jeunesse, et parfois dès son enfance,
chercher par soi-même
les chemins qui mènent à Dieu
[1] ».

Madeleine Daniélou n’était pas une théoricienne. Elle mettait en premier la connaissance intuitive et l’expérience, confiante dans la vie qui se charge de nous instruire et de guider nos dons. Elle aimait Pascal et Péguy, l’un parce que c’est un philosophe de l’expérience, – et l’expérience de Dieu -, l’autre, Péguy, parce qu’il touche à la terre jusque dans sa poésie et sa prose la plus sublime. Ce qui ne veut pas dire qu’elle ne croyait pas à la raison : au contraire, elle voyait les choses avec un grand recul, une vraie distance. Et s’il est vrai qu’elle n’est pas une philosophe au sens moderne du mot, elle a néanmoins une culture philosophique étonnante pour son époque. A l’agrégation –dite « pour les femmes »- qu’elle passa en 1903, avant son mariage, une des épreuves majeures était littéraire et philosophique tout à la fois. C’était un sujet sur l’éducation ! Elle fut reçue première… Continuer la lecture

La démarche personnaliste en éducation

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Michel Soëtard*

Résumé : On n’a guère de mal à montrer que la pédagogie moderne est née en même temps que  l’on prenait conscience que l’enfant n’était pas une pâte qu’il s’agissait de modeler selon des projets et des idéaux définis en dehors de lui, mais bien une personne à part entière qui méritait dignité et considération pour elle-même. Cette avancée philosophique et historique décisive n’a pourtant pas su gommer la difficulté qui se présentait immédiatement : cette personne que l’on voulait autonome, responsable et capable de décision, n’avait pas d’autre chemin pour se former que celui des déterminations qui pèsent sur elle dès la naissance, de l’aliénation à laquelle elle se trouve soumise d’entrée par l’éducation, des influences multiples qui  la modèlent… La visée de la personne comme idéal a ainsi dû s’articuler sur la réalité d’un individu qui prétend bien marquer bien son territoire. La grande tâche de l’éducateur fut alors, telle que Rousseau la met en scène dans son Emile,  et telle qu’elle persiste encore pour nous : comment associer, dans l’action pédagogique, la visée d’un accomplissement de la personne dans son essence, et son ancrage dans une individualité qui n’accepte pas de se laisser réduire à une belle Idée ? Continuer la lecture

Quand s’éveille la personne…


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Marguerite Léna*

Une étudiante coréenne, venue en France faire de la philosophie et de la théologie, me disait que sa plus grande et précieuse découverte concernait le sens de la personne. Formée par la tradition confucéenne, qui définit chacun par l’ensemble de ses rôles sociaux, et l’évalue par les standards purement quantitatifs de la réussite scolaire, elle découvrait une autre manière de concevoir la formation humaine, qui en modifiait radicalement les perspectives. Il faut prendre la mesure de cette découverte. Dans une Europe vieillissante, souvent en proie au désenchantement, dans des institutions d’enseignement confrontées à tous les défis que l’on sait, il est peut-être précieux de revenir à cet héritage, reçu à la fois de la Grèce, de Rome et de Jérusalem : l’homme n’est pas le pur produit de la nature et de la société ; tout homme est une personne, toute personne a une inaliénable dignité, et la tâche de l’éducateur est de permettre l’émergence de cette vie « en première personne » hors de laquelle il n’est que conformismes aveugles ou repliements individualistes. Continuer la lecture

La notion de « personne » dans la pensée de Jacques Maritain

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Alain Mougniotte

L’on ne saurait étudier les pédagogies personnalistes du XXème siècle sans situer l’apport de Jacques Maritain. Sans doute cela pourrait-il d’abord sembler paradoxal car il n’est, généralement, pas perçu comme un spécialiste en ce domaine. Cependant, les problèmes de l’éducation n’ont  cessé de le préoccuper et de tenir dans sa pensée une place, seconde mais non secondaire[1]. Or, c’est précisément la manière dont il mobilise la notion de « personne » en tant que telle qui caractérise son approche. Nous voudrions donc montrer, en essayant de reconstituer la genèse et la dynamique de sa démarche, comment son anthropologie lui assure un ancrage qui retentit décisivement sur sa philosophie politique, laquelle entraîne un positionnement pédagogique dont il identifie à la fois la fonction et les limites.

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Origine et avenir de la pédagogie personnaliste

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Guy Avanzini

On parle volontiers, aujourd’hui, de « pédagogies personnalistes » et de « pédagogies personnalisées ». Sans que le sens de ces expressions soit vraiment stabilisé, on peut estimer que les premières désignent plutôt celles qui valorisent philosophiquement une éducation centrée sur la personne, et les deuxièmes celles qui proposent des pratiques didactiques différenciées en fonction de chacun. Quoi qu’il en soit, elles sont toutes deux à distinguer de « l’enseignement individuel », qui implique un travail accompli par l’élève seul, alors que la personnalisation, entendant s’adapter à chacun, comporte diverses modalités et n’exclut donc pas, par exemple, le travail en groupe. Sans que ces conceptions procèdent toutes de Mounier, étant donné que certaines l’ont précédé, d’autres s’y réfèrent plus au moins explicitement, pour en éclairer la signification. Quoi qu’il en soit nous proposerons trois séries de remarques : sur leurs facteurs d’émergence ; sur leurs principes; enfin, sur leur avenir.

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