Archives de catégorie : Numéro 3 – Affectivité et éducation chrétienne

Pour une éducation affective et sexuelle

Xavier Lacroix*

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Introduction

L’adolescence est un âge de découvertes, de bouleversements, de troubles, de transgressions, mais aussi de transmission. Il serait dommage que les parents (la famille) n’aient pas du tout leur mot à dire, comme il serait regrettable qu’ils soient les seuls à transmettre une éthique. A cet égard, la tension entre la famille, l’école et les « lieux tiers » est une bonne chose, souhaitable même.

Deux excès sont à éviter :

  • soit l’ultra libéralisme qui ne renvoie chacun qu’à son désir, ses émotions, ses affects, dans une perspective qui fait le deuil de toute éthique commune ;
  • soit une éducation répressive uniquement en termes de permis-interdit, dans une perspective autoritariste et binaire (bien – mal).

Le second excès étant devenu rare, le premier guette bien davantage.

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Affectivité et relation éducative

Bertrand Bergier, Véronique Margron*

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Résumé : Dans la relation éducative, l’affectivité peut être aveuglante, manipulatrice, perverse, se réduire à une course au plaisir. Mais elle peut aussi donner de la confiance tout en permettant de faire l’expérience d’accrocs dans la relation, offrir de la sécurité tout en permettant au jeune de se risquer. Cet article explore les conditions éducatives d’une affectivité qui « fait grandir ».

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Education morale et pédagogie du coeur

Michel Soëtard*

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Résumé : L’auteur profite d’une réflexion sur la question, hautement d’actualité, de l’éducation morale à l’école pour situer le rôle de l’affectivité dans le cadre de la rationalité scolaire. Il montre les limites du modèle durkheimien, qui a dominé, et continue à dominer le système éducatif français : ce modèle, sérieusement mis en question sous les coups de boutoir d’une critique sociale qui, tout à la fois, consacre le règne de l’individu et déconstruit l’institution, ne fonctionne plus dans l’École du XXI° siècle sans engendrer d’insolubles contradictions. L’auteur propose alors un autre modèle, construit sur la distinction qu’introduit Rousseau entre conscience et raison. Partant de là, il montre qu’une pédagogie morale peut être mise en œuvre, qui articule la construction de la raison, tâche spécifique de l’École, sur une dimension du cœur qui porte la liberté et s’exprime dans la conscience. Il montre encore à quelles conditions une telle pédagogie, sollicitant l’intériorité de l’enfant, peut tirer le meilleur profit de la dimension religieuse.

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Affectivité et éducation chez Don Bosco

Morand Wirth*

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Résumé : C’est une approche historique précise et approfondie que proposent ces pages du Père Wirth. Partout des souvenirs et des textes de Don Bosco, notamment 4 biographies qu’il a lui-même consacrées à des adolescents recueillis au Valdocco, elles explicitent la genèse et la structure du « système préventif », et s’attachent à définir ce « cœur » qu’il convient de « gagner » grâce à une relation éducative appropriée. Qu’est-ce que « l’amorevolezza »qui permet au sujet de sentir qu’il est aimé ? Quelles en sont les embûches, les ambiguïtés, les conditions de validité ? Comment Don Bosco a-t-il, à cet égard, recueilli et mis en œuvre les principes pédagogiques reçus de Saint François de Sales ?

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Sommaire du numéro 3

Affectivité et éducation chrétienne

Printemps 2014

Editorial
Guy Avanzini

1 – Affectivité et éducation chrétienne

1.1   Affectivité et éducation chez Don Bosco
Morand Wirth

1.2   Education morale et pédagogie du cœur
Michel Soëtard

1.3   Affectivité et relation éducative
Bertrand Bergier, Véronique Margron

1.4   Pour une éducation affective et sexuelle
 Xavier Lacroix

1.5   Il ruolo dell’empatia nell’alfabetizzazione affettiva
(Le rôle de l’empathie dans l’alphabétisation affective)
Antonio Bellingreri

1.6   Affectivité et connaissance : pour une pédagogie du projet de sens
Thierry de La Garanderie

1.7     La place des émotions dans l’apprentissage : vers le plaisir d’apprendre
Christelle Chevallier-Gaté

2 – Education en Actes

2.1   La relation éducative affectée : éclairages cliniques et philosophiques sur les pannes de la relation éducative entre adultes et adolescents
Ilaria Pirone, François Le Clère

2.2   Handicap et affectivité : éducation et croissance affective dans la communauté de l’Arche.
Jean Vanier

2.3   Eduquer à la mixité à Apprentis d’Auteuil : quels repères ?
François Leménager

2.4  Les débuts de la mixité au Lycée Champ Blanc du Longeron
Dominique Lecorps

2.5   Ecole et affectivité : le curriculum caché
Céline Guérin

3 – Recensions

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3.1- Affectivité et éducation

3.2- Les enjeux de l’éducation

3.3 – Les instituts

3.4 – Les congrégations

Editorial

Affectivité et éducation chrétienne

Guy Avanzini

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Après avoir mis en évidence la permanence de l’engagement des chrétiens dans l’entreprise éducative et les raisons de celui-ci, puis souligné comment il est, pour eux, indissociable de la volonté de promouvoir la personne humaine, sans doute fallait-il aussi rappeler fermement que, loin d’être exclusivement d’ordre intellectuel, la pratique pédagogique comporte nécessairement une composante affective, qui en conditionne largement la portée. Tel est donc l’objet de ce troisième numéro.

Certes, ce thème est complexe et semé d’embûches, d’autant plus que l’actualité renforce les difficultés de son approche. Tout se passe désormais comme si s’accroissait un écart entre deux attitudes : d’une part, celle d’élèves qui, à la fois souvent meurtris par les ébranlements familiaux et insécurisés par mille facteurs sociaux, attendent de l’Ecole qu’elle leur offre un lieu de dialogue interpersonnel confiant avec des adultes matures ; mais, d’autre part, celle d’une institution qui, raidie dans un rôle de transmission didactique anonyme, devient de facto de plus en plus importante pour l’avenir social mais de plus en plus inintéressante : ce dont le « décrochage » et, plus largement, l’échec offrent tant d’exemples. C’est donc le rôle indéniable de l’affectivité que ce numéro se propose d’analyser et de rappeler à quiconque le méconnaît, le néglige ou feint de l’ignorer.

Pour cela, et alors que l’on s’apprête à célébrer le bicentenaire de la naissance de Don Bosco, c’est bien son « système préventif » qu’il convenait d’abord et d’emblée d’analyser : cette structure tripolaire, qu’il est le premier, dans l’histoire de la pédagogie chrétienne, à avoir eu le courage d’identifier et de valoriser ; il revenait au Père Wirth, s.d.b., de le présenter. Michel Soëtard illustre ensuite l’initiative salésienne en montrant comment l’éducation morale, nonobstant sa dimension rationnelle, suppose une « pédagogie du cœur », qui n’est point faiblesse résiduelle de la nature mais dimension proprement humaine. Et la même thématique, dans son approche psycho-théologique, est reprise simultanément par Bertrand Bergier et Sœur Véronique Margron, o.p., Mais, comment, de ce fait, intégrer ces données dans la conduite quotidienne de l’éducation affective et sexuelle ? Il revenait au Doyen Xavier Lacroix de montrer dans quel esprit la concevoir et à quelles conditions elle peut s’avérer efficace. Ensuite, le professeur Bellingreri, de l’Université de Palerme, propose dans la même ligne une théorie de l’empathie comme substrat de l’éveil progressif de l’affectivité. Deux études, l’une due à Thierry de La Garanderie, et l’autre à Christelle Chevallier-Gaté, s’attachent, en lien avec l’essor actuel des sciences cognitives, à souligner comment la capacité, le désir et le plaisir d’apprendre ne sont pas dissociables d’une dynamique globale, où l’émotion a un rôle décisif quoiqu’insuffisamment reconnu et identifié par l’intellectualisme du regard adulte traditionnel.

Selon l’usage de la revue, ces « fondamentaux » sont suivis, dans la rubrique « éducation en actes », de diverses approches concrètes. François Le Clère et Ilaria Pirone présentent une analyse opportune du « décrochage scolaire », qui « affecte » cruellement la relation affective et en manifeste l’échec, sinon la rupture. Une présentation sur la communauté de l’Arche, bienvenue à l’occasion de son 50ème anniversaire, indique comment son projet ne craint pas de situer la dimension affective de l’éducation. Francis Leménager et Dominique Le Corre s’interrogent sur la mixité, tant à l’œuvre des Apprentis d’Auteuil qu’au Langeron. Puis Céline Guérin ouvre une réflexion sur les conditions à créer pour une mixité bien vécue à l’école.

Souligner ainsi comment l’éducation issue du christianisme suppose de reconnaître tout être humain comme une personne, dont on ne saurait en outre ignorer le paramètre affectif, sans doute est-ce une manière de rappeler fermement qu’elle est indissociable d’une anthropologie, dont il importe d’identifier les composantes structurelles. C’est là combler une lacune car, comme chacun sait, les textes ministériels et la pédagogie officielle écartent systématiquement tant cette thématique que les auteurs et les recherches qui en traitent.