Archives de l’auteur : Piron Louis-Marie

A la suite de Saint-Jean Eudes

Documents Episcopat – N° 5 – 2015 – 35 p.

Préfacé par le nouvel Evêque du Puy-en-Velay, Monseigneur Crépy, lui-même eudiste, ce cahier est opportunément consacré à Saint-Jean Eudes. Pour importants qu’ils furent, son rôle au sein de l’Ecole française de spiritualité[1] et sa contribution au renouveau religieux de la France du XVIIème siècle sont en effet aujourd’hui malencontreusement oubliés. En particulier, l’on ne se rappelle guère sa valorisation à la fonction de la femme dans l’Eglise et dans la société, qui est précisément l’objet de ce livret. Et c’est aussi par là qu’il s’intègre, indirectement mais réellement, à l’histoire de la pédagogie chrétienne. Continuer la lecture

Apprentis d’Auteuil
Depuis 150 ans – A l’Ecole

Numéro spécial 208 – 2015

En analysant dans cette rubrique le beau livre de Mathias Gardet sur La jeunesse en marge[1], dont la parution coïncide globalement avec le 150ème anniversaire de la Fondation Apprentis d’Auteuil, nous avions déjà évoqué l’origine et l’évolution de celle-ci. Il n’est cependant ni inutile, ni redondant, de présenter aussi, malgré sa brièveté, le numéro spécial de sa revue, consacré précisément à son histoire. Continuer la lecture

Denis Paccard
Lyon et les Jésuites – 450 ans d’éducation

Lyon – 3voie Edition – 2015

La fonction d’un Ordre religieux, c’est de transmettre avec fidélité le charisme fondateur et d’assurer ainsi la promotion, dans la continuité, de son originalité pastorale. Tel est bien l’objet de ce livre, qui récapitule et célèbre 450 années d’apostolat jésuite à Lyon. Il se présente à la manière d’un album, illustré par Luc Journot, mais dont le nom de l’auteur ne figure, curieusement, qu’à la dernière page.

Après un rappel de la figure de St Ignace et des origines de la Compagnie de Jésus, il expose, de manière claire et documentée, son arrivée à Lyon en 1565, comme le rapide succès et l’essor du Collège de la Trinité qui, dès 1592, accueillait déjà 800 élèves. Et il restitue l’histoire mouvementée des péripéties et intrigues politico-religieuses qui ponctuent le temps : l’alternance éprouvante et stimulante de périodes d’expansion et de récession, d’expulsion et de renaissance, de dissolution et de reconstruction. Aussi bien, ces épisodes proprement lyonnais sont représentatifs de l’histoire générale des Jésuites, traditionnellement objet d’admiration et d’hostilité, de confiance et de suspicion. Mais ce que permet surtout ce regard synthétique sur une large période, c’est de constater, malgré les obstacles, la persévérance courageuse et l’opiniâtreté apostolique avec lesquelles ils réagissent aux obstacles, pour assurer la permanence de l’éducation chrétienne.

C’est précisément pour cela que l’on regrette, avec étonnement, une double lacune. D’abord, « l’éducation » n’est pas exclusivement scolaire ; elle comporte d’autres modalités ; et si, à Lyon comme ailleurs, les Jésuites ont géré des collèges, ils n’y ont pas réduit leur ministère mais se sont consacrés à bien d’autres tâches également éducatives ; par exemple, et pour s’en tenir aux époques récentes, ils ont assuré l’aumônerie de mouvements et d’associations Catholiques, spécialement la J.E.C. ; à Lyon, on ne peut manquer d’évoquer aussi, la Conférence d’Ampère. Plus encore, les activités extrascolaires ont été de plus en plus valorisées, voire préférées, en lien avec la défaveur de l’Ecole issue des années 70-80, lorsque beaucoup de religieux dirent ouvertement leur désir d’exercer leur apostolat ailleurs. L’omission de tout ce domaine ne manque pas de surprendre.

En outre, on ne sera pas moins déçu que soit omise toute étude proprement pédagogique, portant sur la spécificité de l’éducation mise en œuvre par les Jésuites. L’approche historique ici proposée est d’ordre purement institutionnel ; elle ne dit rien de son originalité. Or -qu’on pense au Ratio- la Compagnie élabore et diffuse une conception neuve, sur le tripe plan axiologique, anthropologique et proprement pédagogique ; elle propose un modèle nouveau, qui n’est évidemment pas étranger à son succès. Mais qu’en est-il à Lyon ? Comment s’y est-il identifié et mis en œuvre ? Et constate-t-on la même continuité, la même fidélité ? Comment le charisme ignatien s’est il maintenu tout au long des siècles ?

Cet ouvrage bienvenu, qui apporte à l’histoire de la pédagogie lyonnaise, éveille à bon droit la curiosité et l’intérêt, même s’il ne traite pas tous les aspects dont il amène à souhaiter aussi l’étude.

Guy Avanzini

Moulinet, B. de Capèle, A. Späni
Université Catholique de Lyon : entre passé et avenir

Toulouse – Privat – 2015

Après les lois Guizot et Falloux, celle du 2 juillet 1875 a enfin libéré aussi l’Enseignement Supérieur et rendu possible, en France, la fondation des cinq Universités Catholiques de Paris, Angers, Lille, Toulouse et Lyon. Et voici que le 140ème anniversaire de celle-ci coïncide avec sa transplantation, à peine achevée, vers un nouveau quartier de la ville, dans les bâtiments réaménagés de deux anciennes prisons. C’était donc bien le moment opportun pour en reconstituer l’histoire. Et tel est, de fait, l’objectif de ce très beau livre, préfacé par son Chancelier, le Cardinal Barbarin, et aussi fermement et savamment écrit par l’un de ses professeurs, l’Abbé Daniel Moulinet et Benjamin de Capèle, du Centre National d’Etudes Spatiales, ainsi que remarquablement illustré par les magnifiques photographies de Arnaud Späni. Ce livre d’histoire est un livre d’art. Continuer la lecture

Sommaire du numéro 5

Ambition pour tous et formation des « élites » : Une utopie chrétienne de l’éducation ?

Printemps 2016

Editorial
Guy Avanzini

1 – Ambition pour tous et formation des « élites »

1.1 – L’école catholique, un projet éducatif permettant à chacun « de s’épanouir dans sa personnalité et de s’insérer dans la communauté humaine comme un membre utile »
Claude Berruer

1.2 – L’elitismo contemporaneo. Una malattia mortale per l’educazione Cristiana
(L’élitisme contemporain : une maladie mortelle pour l’éducation chrétienne)
Giuseppe Tognon

1.3 – Valoriser l’excellence et accepter la fragilité qui se révèle dans l’au-delà de l’excellence : les deux facettes d’une Education Physique Supérieure vertueuse
Gilles Lecocq

2 – Education en Actes

2.1 – Former les élites autrement grâce à la pédagogie lassalienne : enquête auprès d’une école d’ingénieurs
Catherine Nafti

2.2 – Collège Sainte-Croix de Neuilly (1911- 1927) : élite humaine, élite sociale, élite sportive, élite chrétienne.
François Hochepied

2.3 – Pour une pédagogie du dépassement de soi : de l’élitisme à l’excellence
Denis Amblard

2.4 – La pastorale scolaire dans les établissements secondaires catholiques en Belgique francophone : un « modèle » qui réconcilie l’éducation des élites et des « plus petits » ?
Geoffrey Legrand

2.5 – Le Père Henri Didon (1840-1900) et une certaine conception de l’élitisme
Jean-Jacques Bruxelle

3 – Varia

3.1 – Exploration de l’imaginaire des professeurs des écoles : déploiement méthodologique
Marie Cécile Charrier, Bertrand Bergier

3.2 – En quoi don Bosco est-il salésien ?
Morand Wirth

3.3 – L’école Chevreul 1915-2015 : ou comment un groupe d’enseignants développa un projet pédagogique original

4 – Recensions

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4.1 – Promouvoir la vie comme vocation. Promouvoir toutes les vocations

4.2 – Difficile éducation- in Revue Théopilyon

4.3 – Frère A.P. Gauthier – A l’école de la fraternité

4.4 – J.F. Zorn – Une école qui fait date : l’école préparatoire de théologie protestante – 1846-1990

4.5 – Y. Krumenacker et B. Nogues (textes réunis par) – Protestantisme et éducation dans la France moderne

4.6 – La pédagogie ignatienne – in Revue Christus

4.7 – M. Gardet et F. Waks – Histoire d’une jeunesse en marge : du XIXème siècle à nos jours

4.8 – AIRAP – Enseigner et vivre le fait religieux dans nos établissements

4.9 – Britt-Mari Barth – Elève chercheur, enseignant médiateur – Donner du sens au savoir

4.10 – Savoirs en question ; questionnement du Savoir

4.11 – Regards éducatifs d’ailleurs

4.12 – M. Covas – Paroles de prof … : 40 ans dans l’enseignement privé

4.13 – Apel – Parent d’élève : un métier d’avenir

4.14 – R. Pichon – L’âme du sport et le sport de l’âme

4.15 – J.M. Jouaret – La fédération des sections sportives des patronages catholiques 1898/1998 : que sont les patros devenus ?

4.16 – Edgard Pich – Don Bosco en France : Le Château d’Aix. 1917-1957. Une expérience éducative

4.17 – F. Desramaut – Vie de Don Michel Rua : premier successeur de Don Bosco

4.18 – Stéphane Bouzerand (sous la direction de) – Pères Blancs : les aventuriers de Dieu

4.19 – H. Bremond – Sainte Marie de l’Incarnation

4.20 – G.P. Cuny – L’homme qui déclara la guerre à la misère : Joseph Wresinski, le fondateur d’A.T.D. Quart-Monde

4.21 – Oussama Naouar – Paulo Freire : figures du pédagogue, imaginaire du pédagogique

 

L’école Chevreul 1915-2015 : ou comment un groupe d’enseignants développa un projet pédagogique original

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Résumé : Fêter le centenaire de l’Ecole Chevreul de Lyon, est une occasion privilégiée de revenir aux racines de sa fondation et aux sources de sa vitalité. C’est ressentir le désir de vérifier la fidélité d’un établissement scolaire à ses origines à travers des évolutions certaines. C’est éprouver le désir de revisiter ses valeurs fondatrices pour les actualiser toujours davantage et, surtout, de confirmer la volonté de poursuivre ensemble, parents, professeurs et élèves, l’aventure éducative… C’est tout le propos de cet article. Continuer la lecture

Oussama Naouar
Paulo Freire : figures du pédagogue, imaginaire du pédagogique

Paris – L’Harmattan -2014 – 258 p.

Un ouvrage sur Paulo Freire, le premier de cette ampleur en français, est bienvenu. Aussi se réjouira-t-on de celui que vient de lui consacrer le professeur Oussama Naouar, de l’Université Fédérale de Pernambuco. Certes, sa lecture entraîne une certaine déception : la gaucherie de la traduction, la lenteur redondante d’une introduction laborieuse et un développement parfois poussif pourraient d’abord irriter. En revanche, on saura gré à l’auteur d’annoncer d’emblée sa volonté de dépasser l’idée superficielle selon laquelle Freire serait seulement un didacticien de l’alphabétisation des adultes. Fort de sa connaissance de l’ensemble de l’œuvre, alors que seuls 5 ouvrages sur 19 sont traduits en français, O. Naouar montre qu’elle est d’une toute autre ampleur. Comme tout théorie pédagogique, elle engage évidemment des valeurs et renvoie à un projet politique de transformation sociale dont la face proprement éducative correspond, selon un concept dû à Monseigneur Helder Camara, au processus de « conscientasition », c’est-à-dire de l’identification et de l’explicitation des facteurs, généralement mal discernés, qui caractérisent ou déterminent la situation de chacun au sein de la société brésilienne.

Pour cette tâche, M. Naouar jouit d’un avantage : à la différence des plus proches disciples de Freire, il dispose d’une distance qui le délivre de toute lecture hagiographique mais lui permet une approche distanciée. A cet égard, on appréciera particulièrement l’étude proprement biographique de Freire, donc celle de sa formation intellectuelle. Cela l’amène très opportunément à rappeler ce que fut à son époque l’influence d’Auguste Comte, voire de Buisson, sur le climat culturel du Brésil et la manière dont, tout en en ayant été marqué, Freire a su se libérer de l’idéologie positivante.

Cependant, bien sûr, le problème qui justifie cette recension, c’est de savoir en quel sens et dans quelle mesure Paulo Freire est, non pas un « pédagogue chrétien », c’est-à-dire visant à former des chrétiens, mais un « chrétien pédagogue », c’est-à-dire qui pense et gère l’éducation en fonction de la lumière de l’Evangile. La question se pose d’autant plus légitimement que, comme O. Naouar le remarque lui-même à juste titre, les études francophones sont très discrètes à ce sujet. Globalement, le climat laïciste dominant fait que les éducateurs réputés chrétiens sont soit écartés de l’histoire officielle de la pédagogie, comme s’ils n’existaient pas, soit amputés de leur référentiel religieux : ils sont soit exclus, soit athéisés. Don Bosco ou Hélène Lubienska de Lenval illustrent le premier cas, et Maria Montessori est l’exemple du second.

La pensée de Freire est très complexe en raison d’un syncrétisme, qui articule un indiscutable vecteur catholique avec, notamment, une composante mariste, et un vecteur marxien, plus ou moins amalgamé avec la théologie de la libération. S’il y a « une prise de distance avec l’Eglise instituée » (p.184), sa foi en Dieu « se prolonge » (p.185) et se vit, dans une perspective personnaliste, à trouver sa foi en l’homme. Aussi O. Naouar peut-il conclure que « ‘inspiration chrétienne, dans l’œuvre de Paulo Freire, est loin d’être un aspect mineur » (p.187).

Ainsi, fort d’une axiologie politique et d’une anthropologie chrétienne, Paulo Freire inventa une pédagogie qui évoluera vers une adultagogie. Le mérite et l’intérêt de ce livre, préfacé par le professeur Kerlan, est de mettre en évidence le processus et les difficultés de cette construction.

Guy Avanzini