Archives de catégorie : Numéro 1 – Chrétiens en éducation

Perspectives chrétiennes de l’éducation interculturelle

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Milena Santerini

Les conflits au niveau international après le 11 septembre 2001, les procès liés à l’immigration, la cohabitation dans le même état de majorités et de minorités, les phénomènes de violence et de discrimination sur base ethnique : tous ces aspects imposent une révision des stratégies éducatives mais –avant toute chose – un renouvellement de la vision du dialogue entre cultures. L’éducation se retrouve engagée dans un défi central pour l’avenir : rendre possible la cohabitation entre personnes différentes, favoriser un dialogue capable de construire une société pacifique. Il ressort clairement que les objectifs de l’éducation interculturelle doivent eux aussi être élargis : il ne s’agit plus seulement d’ouvrir les portes des institutions de formation aux immigrés mais avant tout de contribuer à créer et à maintenir la cohésion sociale dans des contextes de pluralisme culturel. Continuer la lecture

Pour une éducation chrétienne au dialogue

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Elisabeth Terrien

Introduction

En tant que chrétiens, parents et éducateurs ont la charge de transmettre la Bonne Nouvelle aux générations suivantes, « (…) pour que le témoignage en soit présenté à tous les peuples (…) »[1]. Le synode sur la Parole en 2008, et celui sur l’évangélisation en 2011 montrent l’importance que Benoit XVI porte à un retour aux sources de la foi : « Nous devons aider les jeunes à acquérir une intimité et une familiarité avec la Sainte Écriture, pour qu’elle soit comme une boussole qui leur indique la route à suivre. »[2] Cette recommandation du Saint Père peut paraître insensée pour beaucoup d’éducateurs, notamment catholiques, qui se rendent compte du peu de connaissances qu’ils ont des Textes Saints. Continuer la lecture

Un cours de culture religieuse à l’école. Démarche de l’Union des Eglises protestantes d’Alsace et de Lorraine

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Jean-Marc Meyer

Un cours d’enseignement religieux est dispensé dans les écoles de la plupart des pays européens. Les objectifs, le statut, la forme et le contenu y sont cependant très divers. Ils découlent de l’histoire, du pays où de la région, ainsi que du poids sociologique que représentent les religions dans la société.

La France laïque fait exception en Europe. Depuis la promulgation de  la loi de séparation de l’Etat et de l’Eglise en 1905, il n’y a plus de cours de religion dans les écoles publiques. Continuer la lecture

Être « école protestante » dans le cadre de l’« Education Nationale » française ?

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Jean-Claude Graeff

« J’avouerai … une forme de surprise : il existe donc un enseignement protestant privé … Il y a là quelque chose de tout à fait étonnant, quand on connaît la force de l’attachement du protestantisme français, au moins depuis les lois Ferry, à l’école publique et à la laïcité[1]. » Cette phrase, prononcée par le Professeur Patrick Cabanel en introduction à sa conférence tenue lors du 1er  colloque du Conseil scolaire de la Fédération Protestante de France les 25 et 26 janvier 2008, résume bien la problématique et le paradoxe apparent qui existent aujourd’hui pour les écoles protestantes de France sous contrat d’association avec l’Etat. Continuer la lecture

Origine et développement de la pédagogie chrétienne en Italie

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Giuseppe Mari

En Italie aussi, comme dans d’autres pays, le renouveau de la notion de pédagogie chrétienne voit le jour à la suite de la publication en 1879 de l’encyclique Aeterni Patris de Léon XIII. Dans ce document, comme nous pourrons le voir, le Pape entend faire face aux avancées de la modernité, en identifiant chez Thomas d’Aquin une structure propre à favoriser le renouveau d’une pensée – avant tout philosophique, mais également éducative – qui s’inspire de la foi. Sur le plan pédagogique, ce sera à Pie XI, avec l’encyclique Divini Illius Magistri, d’en tirer les conclusions qui s’imposent. Continuer la lecture

Convertir les éducateurs chrétiens à l’éducation nouvelle : l’action éditoriale du père François Chatelain

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Laurent Giutierrez

Résumé : Participant à une recherche sur l’accueil ambivalent des milieux catholiques à l’Education Nouvelle, cette étude porte sur le rôle nouveau du Père François Chatelain, o.p. Celui-ci s’est en effet, efforcé d’en favoriser la compréhension et la réception. A cette fin, avec prudence et nuances et dans la fidélité aux orientations du Magistère, il a notamment créé et diffusé au sein des Editions du Cerf, une collection qui, entre 1932 et 1951, a publié 16 ouvrages bienvenus. Continuer la lecture

Pédagogie et christianisme une nouvelle alliance ?

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Michel Soëtard

Résumé : L’article s’efforce de lever le malentendu qui s’est instauré entre le christianisme et la pédagogie moderne, depuis Rousseau et sa fameuse controverse avec l’archevêque de Paris, Christophe de Beaumont. Il montre que, si l’univers de l’Emile rend assurément caduques un certain nombre de certitudes sur lesquelles s’était construit l’humanisme platonico-chrétien, il restitue tout son sens au christianisme, dès lors que la pédagogie ne se réduit pas à un naturalisme, mais qu’elle met en œuvre un projet d’humanisation qui dépasse la seule connaissance positive de l’enfant et son arsenal scientifique. Michel Soëtard veut prendre ici en compte la Profession de foi du vicaire savoyard, qui est pour ainsi dire la matrice de l’Emile. Ce texte, qui a désarçonné les contemporains de tous bords, met en oeuvre, au cœur de la pédagogie, une dimension de foi qui, dans son rapport à la personne en particulier, n’est pas étrangère à la foi chrétienne. Continuer la lecture

L’aventure de l’éducation chrétienne en Europe

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Gérard Cholvy

Ayant visité Rome dans sa jeunesse, l’Anglais Edward Gibbon « était un jour au Capitole, plein de souvenirs. Tout à coup, il entendit des chants d’église, il vit sortir des portes de la basilique d’Ara Coeli une longue procession de franciscains essuyant de leurs sandales le parvis traversé par tant de triomphes. C’est alors que l’indignation l’inspira, il forma le dessein de venger l’antiquité outragée par la barbarie chrétienne, il conçut l’Histoire de la décadence de l’Empire romain », publiée entre 1776 et 1788[1]. Continuer la lecture

Editorial
Guy Avanzini

1 – Chrétiens en éducation

L’aventure de l’éducation chrétienne en Europe
Gérard Cholvy

L’obligation d’éduquer la jeunesse : de la réaffirmation de la responsabilité parentale à l’invention lasallienne d’une nouvelle figure de maître d’école
Frère André-Pierre Gauthier, fec

Pédagogie et Christianisme : une nouvelle alliance
Michel Soëtard

Convertir les éducateurs chrétiens à l’éducation nouvelle: l’action éditoriale du père François Chatelain
Laurent Gutierrez

Origine et développement de la pédagogie chrétienne en Italie
Giuseppe Mari

2 – Education en actes

Etre école protestante dans le cadre de l’éducation nationale française
Jean-Claude Graeff

Un cours de culture religieuse à l’école
Jean-Marc Meyer

Pour une éducation chrétienne au dialogue
Elisabeth Terrien

Perspectives chrétiennes de l’éducation interculturelle
Milena Santerini

3 – Recensions

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Guy Avanzini, René Cailleau, Anne-Marie Audic, Pierre Penisson –  Dictionnaire historique de l’éducation chrétienne d’expression française

Monseigneur Dominique Rey – Urgence éducative – L’école Catholique en débat

François Moog – A quoi sert l’école Catholique

Frère Josu Fernandez Olabarrieta, fic – Jean Marie de la Mennais, guetteur d’avenir

Philippe Rocher – le goût de l’excellence: quatre siècles d’éducation jésuite en France

Frère Maurice Bergeret, fm – Enseigner aujourd’hui: mission d’espérance

Jean Houssaye (sous la direction de) – Femmes pédagogues au XX et XXIème siècles

Laurence Munoz, Gilles Lecocq (sous la direction de) – Des patronages aux associations: la fédération sportive et culturelle de France face aux mutations socioculturelles

François Hochepied – Athlètes de Dieu: naissance de l’UGSEL

Éditorial

Voici donc le premier numéro de la revue, œcuménique et internationale, de pédagogie chrétienne, dont le S.G.E.C. a confié à l’A.I.R.P.C. la responsabilité.

Son objectif est, à la fois et indissociablement, de faire connaître et de promouvoir le rôle des chrétiens en éducation. C’est dire que la thématique de sa livraison initiale, dont ces lignes voudraient montrer l’homogénéité, s’impose d’elle-même : elle est dans la logique de l’intention fondatrice. Comme le montre bien le Dictionnaire d’éducation chrétienne d’expression française[1], les chrétiens, en effet, dès l’origine, ont été à la source de pratiques éducatives et de doctrines pédagogiques. Quoique son intensité ait été inégale selon les périodes, leur action se déploie dans ce champ de manière permanente. Mais elle présente d’innombrables modalités institutionnelles, scolaires, péri- ou post- scolaires, qui tiennent à des données historico-géographiques, au contexte ecclésio-théologique, aux situations politiques, à tous les paramètres de l’environnement socio-culturel.

Selon la structure que notre revue s’est donnée, et s’agissant de la connaissance de ce phénomène objectif que constitue le pédagogie chrétienne, sa première partie – les fondamentaux – présente une série de contributions qui mettent en évidence ses deux traits : constance et variété ; continuité et diversité.

C’est pourquoi il revenait à l’historien – Gérard Cholvy – d’analyser l’ampleur, la complexité et la finesse de l’inventivité des chrétiens face à des besoins éducatifs eux-mêmes sans cesse renouvelés. Cela a notamment suscité la fondation de congrégations qui y ont donné tout ou partie de leurs forces[2], quoique l’actuelle crise de leur recrutement signifie à sa manière une évolution culturelle.

Puis en étroite continuité avec lui, frère André Pierre Gauthier, f.e.c., montre comment l’Eglise présente l’éducation comme une obligation pour les parents chrétiens, qui doivent travailler au salut de leurs enfants, sauf à compromettre le leur. Et cela devait aboutir aux grandes initiatives prise par Charles Démia ou par Jean-Baptiste de La Salle à l’intention des enfants pauvres.

L’éducation du sujet n’est cependant pas réductible à la fabrication d’un objet. C’est une tâche difficile, intrinsèquement aléatoire, dont Michel Soëtard, le philosophe, identifie et analyse les tensions constitutives, qu’accuse et intensifie toute crise globale de la société, qui en égare les finalités et compromet la confiance même dans l’éducation. Mais « la foi du pédagogue », dont le même auteur a naguère réactivé l’analyse[3], pousse à ne jamais abandonner une fonction qu’elle ne cesse de motiver et d’animer. Quoi qu’il en soit, entre la foi du pédagogue et la foi du chrétien, il ne faut pas, même dans une situation contraire, même dans une conjoncture défavorable, laisser se rompre les ponts.

C’est ce qu’illustre l’étude de Laurent Gutierrez sur les efforts du Père Chatelain pour ouvrir la pédagogie chrétienne aux idées de l’Ecole Nouvelle grâce à une collection d’ouvrages dont la réception fut problématique. C’est un exemple du lent processus de pénétration des idées neuves et des résistances auxquelles elles se heurtent.

Encore ce souci implique-t-il un lien entre registre doctrinal et registre institutionnel. En introduisant ici la dimension internationale, Giuseppe Mari rappelle comment la pédagogie chrétienne, en Italie, a été impulsée par des institutions qui, comme l’Université Pontificale de Milan ou diverses revues catholiques, procèdent de l’encyclique Divini Illius Magistri, écrite en 1929 par le Pape Pie XI.

Néanmoins, la richesse de la pédagogie chrétienne au fil des siècles, confrontée à l’affaiblissement religieux de beaucoup de pays européens, pourrait faire craindre qu’elle n’appartînt qu’à un passé constitutif d’un musée à admirer. Or, si glorieuse que fût son histoire, elle n’est ni désuète, ni périmée. Elle demeure actuelle, bien vivante et pertinente, si sérieuses qu’en soient les difficultés ; Et l’objet de la 2ème partie de notre publication, l’éducation en actes, est précisément d’en porter témoignage. Les débats mêmes qui se déroulent entre chrétiens, qui conçoivent diversement la manière d’être « en éducation », en est le signe.

Cette revue étant simultanément œcuménique, il importait que ce fût d’emblée manifesté. D’où l’article de Jean-Marie Meyer, qui présente le cours de culture religieuse conçu par l’Union des Eglises Protestantes d’Alsace et de Lorraine (U.E.P.A.L.) au sein du régime concordataire de ces trois départements. Cependant, cet enseignement est-il reçu dans une perspective d’ordre seulement culturel, ou dans le registre de la proposition de la foi ? Au-delà du cas particulier d’un régime juridique, c’est tout le problème de la transmission du message.

Un problème également préoccupant, que soulève Jean-Paul Graeff à propos des trois Ecoles protestantes sous contrat d’association, c’est celui de la réceptivité des élèves à l’enseignement de culture religieuse qu’ils y reçoivent dans une société sécularisée. Dans quelle mesure leur liberté les ouvre-t-elle à la transcendance ? Et ce n’est pas le problème des seules écoles protestantes.

Bienvenue est alors l’étude d’Elisabeth Terrier sur « les jeunes » d’aujourd’hui ; après avoir analysé leur posture contestataire et leur sensibilité aux médias, elle voudrait les inciter au « dialogue » et à l’actualité du message biblique, source de raisons de vivre, c’est-à-dire de cela même qu’ils cherchent, mais trop souvent sans le savoir.

Enfin, ces divers positionnements trouvent une sorte de synthèse dans l’éducation interculturelle que préconise vigoureusement Milena Santerini, pour faire découvrir à chacun « l’humanité commune » qui, à partir de sa propre culture, l’ouvre à l’universel en le situant au sein d’une diversité dont la perception installe dans l’inter-culturalité.

Telles sont, trop brièvement résumées, les lignes de force de ce numéro inaugural d’Educatio. Ce n’est sans doute pas solliciter abusivement ces textes que, à travers mais au-delà de leur évidence diversité, d’y voir l’incessante fidélité des chrétiens en éducation à la volonté d’une éducation chrétienne que le respect de la liberté personnelle et de la volonté Divine expose à l’incertitude et simultanément, contraint à la persévérance dans la créativité pédagogico-pastorale.

 

Guy Avanzini



[1] G. Avanzini, R. Cailleau, A.M. Audic, P. Penisson – Dictionnaire historique de l’éducation chrétienne d’expression française, Paris, Ed. Don Bosco, 2010, 854 p.

[2] G. Cholv, Le XIXème, Grand siècle des religions françaises, Perpignan, Ed. Artege, 2012, 136 p.

[3] M. Soëtard , G. Le Bouëdec (sous la direction de),  La foi du pédagogue, Paris, Ed. Don Bosco, 2011, 212 p.